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Congrès

Présenté à plusieurs reprises entre 1989 et 1996 dans différents lieux de diffusion (CNA (Ottawa, ON), Maison du Citoyen (Gatineau, QC), Église anglicane St. Luke (Ottawa), Kingston (ON) et Colmar en Alsace (France)).

Congrès est le jeu-spectacle de la compagnie qui, avec près de 70 représentations, a connu la plus large diffusion. Nous tenons à remercier tout particulièrement les interprètes qui ont donné vie à ces personnages colorés.

Synopsis

Une importante organisation internationale, l’Alliance Internationale Poldave, vouée à la protection de la mémoire doit remplacer de toute urgence son président qui vient tout juste d’être relevé de ses fonctions à la suite de graves lacunes mémorielles. Dès qu’ils pénètrent dans la salle où se déroulera le congrès à la présidence, les spectateurs deviennent automatiquement membres de l’association et reçoivent les quatre bulletins de vote qui leur permettront de participer à chacun des tours du scrutin. Ils feront la connaissance de cinq candidats à travers leur discours et leurs programmes respectifs et ils seront les témoins privilégiés des tractations diverses, des manœuvres et des drames qui accompagnent souvent la conquête du pouvoir. Ils pourront, par leurs votes, influencer le déroulement du spectacle et choisir eux-mêmes le nouveau président. Le résultat de ce vote est imprévisible mais les divers scénarios possibles sont tous ponctués d’interventions d’une journaliste qui cherche à faire la lumière sur les véritables enjeux du congrès.

Mise en contexte :

Les congrès à la chefferie

Au Canada et au Québec, comme en Angleterre, le poste de Premier Ministre ne peut être occupé que par le chef du parti politique qui dispose du plus grand nombre de sièges au Parlement. Généralement majoritaires, puisque les gouvernements minoritaires constituent une exception, ces partis nationaux se limitent à deux ou trois et leurs programmes se ressemblent étrangement puisqu’ils doivent plus ou moins occuper le centre de l’échiquier politique.

Comme il s’agit de la dernière étape avant d’accéder au poste de Premier Ministre, il est donc tout naturel que la chefferie d’un parti fasse l’objet d’une chaude lutte. Un tel congrès est aussi l’aboutissement d’un processus se sélection impitoyable où chaque survivant s’est bâti une clientèle, un clan au sein de son parti, sur lequel il devra s’appuyer pour s’imposer comme chef incontesté. En effet, la plupart des délégués doivent eux-mêmes être élus par les membres en règle du parti en s’identifiant au candidat qu’ils veulent soutenir. Il faut donc disposer d’une organisation très solide et de nombreux appuis pour amasser les votes qui permettront de survivre aux premiers tours de scrutin. Même si le résultat final est plus ou moins prévisible, des retournements de situation sont toujours possibles puisque les candidats éliminés peuvent reporter leurs voix sur l’un ou l’autre des candidats encore en lice.

Paradoxe de la démocratie, surtout telle qu’on la connaît en Amérique du Nord, les congrès à la chefferie sont devenus des spectacles médiatisés et à grand déploiement. Loin de se dérouler dans le climat d’austérité et de sérieux qui devrait régner au moment d’un choix aussi crucial, ce type de congrès se déroule selon une sorte de rituel carnavalesque où les ballons, les banderoles, les gadgets colorés, les cris de ralliement et la musique jouent un rôle essentiel. C’est cette atmosphère que CONGRÈS tente de recréer avec la collaboration des spectateurs.

L’Alliance internationale poldave (AIP)

Tout en faisant référence à l’univers politique, nous avons voulu nous en éloigner en choisissant des archétypes de politiciens qui s’affrontent, non pas pour la direction d’un parti, mais pour la présidence d’une association internationale. Ce-faisant, nous débordons des limites nationales (Canada ou Québec) et nous évitons en partie l’identification de nos personnages avec des politiciens locaux. Le fait que cette association soit vouée à la lutte contre l’amnésie n’est toutefois pas du tout l’effet du hasard.

Bref historique de l’AIP :

L’Alliance existe depuis plus d’une vingtaine d’années mais toutes les archives de l’organisation ayant été détruites en 1982, personne n’est en mesure de se rappeler avec précision de ses premières années d’existence. Ce que l’on sait toutefois, c’est que quatre présidents se seraient succédé à sa tête et qu’un certain Vinoz l’ancien aurait été, à titre posthume le premier d’entre eux. Il aurait légué à ses successeurs des bribes d’information concernant la Poldavie dont cette curieuse croyance voulant que ce pays perdu soit situé en plein centre de la planète et que sa forme circulaire en ferait le nombril du monde.

Situation actuelle :

L’Alliance est en crise, son président, élu il y a moins de trois mois, est subitement devenu amnésique. La perte de mémoire est un problème très sérieux mais lorsqu’elle frappe le président d’un organisme voué à la lutte contre l’amnésie, il s’agit d’une véritable tragédie. Tous les travaux de l’Alliance ont donc été suspendus afin d’élire de toute urgence un nouveau président. Cinq candidats sont en lice pour ce poste prestigieux. Ils représentent toutes les tendances qui s’affrontent au sein de l’organisme.

Diffusion de la pièce

Équipe de création:

Texte : André Rousseau

Mise en scène : André Rousseau

Création

Présentée pour la première fois à l’Atelier du Centre national des arts, les 21, 22 et 23 mars 1989 (3 représentations)

Distribution originale:

Personnages                                               Interprètes

Jean-Guy Jaunet                                       Lucien Crustin

Samuel Leblanc                                         Robin Denault

Nadia Larose                                              Hélène Dubois

Paoline DeLyon                                         Hélène Gagnon

Le Président                                               Laurent Leclerc

Danny, le caméraman                              Jacques Robitaille

Emma Brown                                             Lib Spry

Louis Levert                                               Jean-Philippe Tabet

Première reprise

Salle des Fêtes, Maison du Citoyen, Hull (maintenant Gatineau) du 5 au 28 juillet 1989, du jeudi au samedi, 12 représentations

Personnages                                               Interprètes

Jean-Guy Jaunet                                       Lucien Crustin

Samuel Leblanc                                         Jacques Robitaille

Nadia Larose                                              Karoline Yelle

Paoline DeLyon                                         Hélène Gagnon

Le Président                                               Laurent Leclerc

Danny, le caméraman                              Claude Émond

Emma Brown                                             Lib Spry

Louis Levert                                               Jean-Philippe Tabet

Seconde reprise

Salle des Fêtes, Maison du Citoyen, Hull (maintenant Gatineau), juillet 1990, les jeudis, vendredis et samedis, 12 représentations pour grand public et 3 représentations corporatives en septembre et octobre à la Salle du Conseil.

Personnages                                               Interprètes

Jean-Guy Jaunet                                       Lucien Crustin

Ettore Bianchi (Leblanc)                         Marc Agostini

Nadia Larose                                              Suzanne Lambert

Paoline DeLyon                                         Hélène Gagnon

Le Président                                               Laurent Leclerc

Danny, le caméraman                              Claude Émond

Emma Brown                                             Lib Spry

Louis Levert                                               Jean-Philippe Tabet

Création de la version anglaise (CONVENTION)

En co-production avec le Outaouais Popular Theatre à l’Église anglicane St. Luke d’Ottawa, du 4 au 27 février 1993, les jeudis, vendredis et samedis, 12 représentations et une autre à Kingston, en mars de la même année.

Personnages                                                            Interprètes

The Chairman                                                         Ross Wilson

Paul Maxwell Greyhound (Jaunet)                    J.D. Campbell

Ettore Bianchi (Leblanc)                                      Marc Agostini

Liza Pinkerton (Larose)                                        Eleanor Crowder

Louis Levert                                                            Jean-Philippe Tabet

Emma Brown                                                          Lib Spry

Heather Mash (DeLyon)                                       Sara Snow

Danny, cameraman                                                Henry Gauthier

Troisième reprise et tournée en France

Représentations de rodage à la Salle des Fêtes de la Maison du Citoyen au début mars et tournée du 17 mars au 5 avril 1996 (20 représentations au total)

Personnages                                               Interprètes

Jean-Guy Jaunet                                       Pierre Drolet

Vladimir Bieley (Leblanc)                       Everett Dixon

Nadia Larose                                              Dominique Quesnel

Paoline DeLyon                                         Hélène Gagnon

Le Président                                               Robin Denault

Danny, le caméraman                              Jean Langlois

Emma Brown                                             Lib Spry

Louis Levert                                               Jean-Philippe Tabet

Autre diffusion:

Une version adaptée à la réalité locale a été présentée à 7 reprises par L’Atelier théâtre de l’ALEP de Colmar en Alsace dans une mise den scène de Julie Feist entre octobre 2020 et septembre 2022.

Revue de Presse de la tournée de 1996 en France

La Dépêche, Moissac, le 10 avril 1996

CONGRÈS au Hall de Paris
ON NE VOUS OUBLIERA PAS

par Bertrand Chomeil

 

Tout simplement génial! La Troupe des Dérives Urbaines et son congrès a littéralement envoûté les 150 spectateurs du Hall de Paris.

 

Ce jeu-spectacle d’André Rousseau a pour but d’impliquer le public dans l’action théâtrale. Alors, vendredi soir, les Moissagais se sont métamorphosés en fervents adhérents de l’Alliance Internationale Poldave, une association désireuse de «redonner la mémoire au monde». Tout un programme… électoral bien sûr.

 

Car cinq candidats se présentent à la présidence de l’association. Chacun expose ses intentions plus ou moins louables pour protéger la mémoire. Après chaque discours, les spectateurs votent. Là où cela devient fabuleux, c’est que les candidats font tout pour conquérir leur clientèle. Tout est permis. Assis au milieu des spectateurs, ils usent à merveille de la calomnie. Tout doucement, avec un beau sourire, ils chuchotent à votre oreille une phrase gorgée de fiel sur leurs opposants. Un vrai délice.

 

Et puis, il y a la presse. Danny le caméraman attitré de Paoline Delyon, journaliste vedette de la radio télévision poldave, fait preuve d’une impudeur incroyable. Il est partout. Il bondit dans les tribunes, sur la scène. Le pouvoir de l’image…

 

Vendredi soir, les politiciens n’ont pas fait recette. Jaunet, le vieux roublard; Emma Brown, trop éprise de vérité; Levert, l’éternel jeune loup, ont tous été éjectés. Pourtant, Louis Levert («avec Levert, c’est super!» «Avec Levert, c’est clair!») fait preuve d’un réel sens des relations publiques. Cela n’a pas suffi.

 

Il restait en lice Nadia Larose et son slogan ô combien prometteur : «Avec Larose, on ose!». Comédienne, accro de la fête, elle a vampirisé bien des Moissagais. Reste que la pulpeuse créature a dû s’effacer devant le savant fou. Aventurier, scientifique, expert es mémoire, il a savouré son succès avant…, d’oublier son discours final (et l’intervention diabolique du président d’élection jusque là d’une impartialité à toute épreuve). Nous c’est certain, on n’oubliera pas.


 

Le Sud-Ouest, Auch, mars 1996

LES AUSCITAINS VOTENT LAROSE

par Laurent Campistron

 

Une comédie interactive, mettant en scène cinq candidats, a convié mercredi soir les spectateurs du Centre culturel Cuzin à élire le président d’une alliance fictive.

 

Ambiance délirante

Tout commence par l’arrivée d’une journaliste, Paoline Delyon, accompagnée d’un caméraman facétieux. Le couple infernal qui symbolise à merveille la presse à scandale, présente, pour la télévision, une grande soirée électorale destinée à élire le nouveau président (l’ancien est devenu amnésique) de l’Alliance Internationale Poldave. Voilà pour le décor. Auquel il convient d’ajouter un président d’élections et cinq candidats aussi différents les uns des autres. Restait évidemment à trouver des électeurs.

 

Et c’est bien là toute l’originalité de cette pièce de la compagnie canadienne «Dérives Urbaines» intitulée «Congrès» : Faire des spectateurs, environ 150 mercredi soir, les artisans du vote (sans trucages!).

 

La règle du jeu est plutôt simple… et sportive. Chaque candidat dispose de cinq minutes pour exposer son programme, et les spectateurs-électeurs doivent ensuite désigner leur favori en déposant un bulletin de vote dans une urne installée à l’entrée du centre culturel. Mais il y a plusieurs tours! Quatre, exactement, et autant de va-et-vient pour le public.

 

Les prétendants à la présidence sont ainsi éliminés un par un. Parmi eux, Emma Brown, ancienne présidente de la Section féminine de l’Alliance. La candidate, style mamie anglaise «cul pincé» et chignon bien propre, met en avant ses qualités de gestionnaire, ais son manque de charisme lui vaut de disparaître dès le premier tour. Et puis, il y a Jean-Guy Jaunet, vieil habitué des combats électoraux, formidable d’aisance et criant de vérité (ou de contre-vérité) dans son rôle d’homme politique. Cet orateur hors pair, à la démarche et les mimiques d’un Belmondo des grands jours, «démago» au possible, se dit prêt à rendre service à ses partisans jusqu’à la fin de ses jours. Pas de programme, mais de bonnes intentions. Hélas, sa trop grande ressemblance avec les politiciens (les vrais) va l’exclure de la course dès le deuxième tour.

 

Requin aux dents longues

Arrive alors le requin aux dents longues, le jeune cadre dynamique, style gendre idéal, qui veut «piquer» la place aux vieux. Lui, c’est Louis Levert, qui se prend pour Julio quand il s’adresse à la gent féminine («vous les femmes») et pour Devos quand il s’essaie aux jeux de mots («je suis contre les sculpteurs de statu… quo»). Pour finir, il se prend une veste au troisième tour.

 

Capitaine Caverne

La finale de ce jeu électoral oppose donc le Docteur Vladimir Bieley, professeur à Moscou, qui axe son programme sur une expédition en Poldavie, à Nadia Larose, «jeune» comédienne qui promet l’organisation de fêtes mémorables tout au long de son mandat. Tout oppose les deux personnages, à commencer par l’allure. Tête enfoncée dans les épaules, visage noyé dans un océan de barbe, timide et maladroit, le docteur Bieley est la caricature même de l’échappé de l’asile psychiatrique. Quant à la belle, quoique «nunuche», Nadia Larose, le volume de ses arguments et son exubérance naturelle détrôneraient à coup sûr la Cicciolina dans le coeur des italiens. Et que croyez-vous qui arrivât? La pulpeuse Nadia l’emporta, évidemment…

 

Bref, les électeurs ont choisi une femme comme présidente. Mais ils se sont surtout régalés d’une soirée théâtre vraiment pas comme les autres.


 

Le Sud-Ouest, Bordeaux, 28 mars 1996

«CONGRÈS»

 

Hier soir à Talence, le professeur Vladimir Bieley a été élu président de l’Alliance Internationale Poldave.

 

Après une lutte acharnée, il a fini par venir à bout de ses quatre adversaires grâce à un discours passionné contre la progression de l’anti-mémoire…

 

Voilà en résumé le résultat électoral du spectacle-jeu «Congrès» interprété par la compagnie québécoise le Théâtre Dérives Urbaines.

 

Cette pièce interactive propose aux spectateurs transformés en congressistes de devenir les témoins actifs des débats et luttes pour le pouvoir. Leurs choix au cours des différents tours de scrutin modifient les événements et donc l’élection.

 

Toutes les promesses sont bonnes pour les convaincre et toutes les bassesses sont autorisées pour faire trébucher l’adversaire.

 

Le public entre très vite dans le jeu pour applaudir, huer ou encore scander des slogans comme dans une véritable réunion politique.

 

Au final, l’idée est excellente et les acteurs se démènent avec bonne humeur et une fine hypocrisie.

 

N’oubliez pas de venir remplir votre devoir de citoyen et peut-être pourrez-vous déguster les bulles de la victoire avec votre candidat favori!


 

Midi Libre, jeudi 4 avril 1996

Comédie électorale à l’Amphi
AUX URNES SPECTATEURS

Par Paul Astruc

 

Imaginez que Jacques Chirac se révèle soudain assez espiègle pour confier aux disciples surréalistes d’Alfred Jarry et aux grands prêtres de l’Académie Pataphysique, le soin d’organiser les prochaines élections présidentielles. Laissons-lui le temps de méditer sur le sujet.

 

Croyez-moi, la troupe québécoise du Théâtre Dérives Urbaines qui a investi la MJC mardi soir, nous a montré le chemin avec un art consommé du spectacle interactif, méthode qui consiste à semer une somptueuse pagaille dans les travées, avec la complicité du public hilare. Et ravi.

 

Daniel Fillastre et le président Morio, eux-mêmes précipités dans le jeu, n’avaient jamais vu leur «amphithéâtre» en pareil état : les spectateurs, galvanisés par des comédiens -candidats bavards et obstinés à souhait, se sont rués aux urnes à quatre reprises!

 

On savait les Québécois friands de spectacles qui impliquent le public. Ce sont eux qui introduisirent en Europe le théâtre d’improvisation, joutes oratoires spontanées, sanctionnées par les humeurs du public qui désigne – comme dans les arènes romaines – les héros et les vaincus. Cela nous vaut une savoureuse parodie de la politique-spectacle telle que nous en offrent périodiquement nos débats électoraux. Avec en prime l’accent coloré de nos cousins d’Outre-Atlantique mais, en moins, la vacherie cruelle de nos Guignols. Ainsi, l’auteur et ses interprètes nous donnent à voir des candidats dont le programme évoque davantage les extravagances surréalistes davantage que les idéologies politiques. En effet, il s’agit ici d’une très improbable Institution Internationale dont le but avoué est de redonner la mémoire au monde (sic). Or, le Président en exercice vient d’être destitué… pour cause d’amnésie aigue (re-sic)!

 

Cinq candidats briguent la succession en sollicitant les suffrages du public. Évidemment, les programmes qui fusent du haut de la tribune relèvent de la fantaisie absconse.


 


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