Klassino a été présenté en 1993 et en 1998 dans différents lieux de diffusion soit à l‘Espace René-Provost (Gatineau, secteur Hull), à l’Espace Cuzin (France) et au Festival du Chaînon Manquant (France)
Synopsis :
Nous sommes à Moscou, en 1993, une période charnière où disparaissent les derniers éléments d’un régime à la fois totalitaire, communiste et paternaliste qui sont remplacés par les dures lois du marché capitaliste. La population subit les contrecoups de ces changements et ne peut plus compter sur l’aide d’un État incapable de payer ses propres employés. Cette société en pleine mutation favorise les plus forts et les mieux organisés, c’est ce qui explique la position dominante de la mafia, une organisation qui était prête depuis longtemps à prendre la relève du Parti communiste.
KLASSINO présente l’un de ces « nouveaux russes », Serguei Buykoff, un petit mafieux qui n’hésite pas à utiliser la méthode forte pour s’enrichir. Ses divers trafics et ses relations lui ont permis d’ouvrir un casino de deuxième ordre dans une église désaffectée. Profitant du chômage qui frappe pratiquement tous les habitants de son immeuble où il habite depuis toujours, il en profite, lui le fils de la concierge, pour prendre sa revanche sur les humiliations du passé en faisant travailler plusieurs d’entre eux pour des salaires de misère. Il exerce son pouvoir despotique en s’appuyant sur sa mère Anna Pavlovna Kozlovskia, une ancienne informatrice du KGB et de son jeune émule Pavel Ténov qui est aussi son homme de main.
L’immeuble devient ici un microcosme de la société russe et l’ascension de Serguei dans l’échelle sociale est représentée ici par son passage de la loge de la concierge à un appartement du cinquième étage dont il a expulsé le propriétaire, Constantin Tchernomor. C’est toutefois le grand appartement du sixième étage qu’il convoite plus que tout bien que sa propriétaire, la fille du général Krylov, refuse de lui vendre.
Au début de la pièce, un piège tendu par Serguei est sur le point de se refermer sur Anastasia Krylova. Pendant le prologue, des policiers viennent enquêter mollement sur un incident qui s’est déroulé la veille au casino, Serguei a battu sauvagement sa maîtresse qu’il faisait aussi travailler à une table de jeu. Ces deux événements amèneront certains employés dont la jeune Maroussia Gouméniouk, Nina Zagornaia, ancienne comédienne au grand théâtre de Moscou et Constantin Tchernomor, physicien au chômage à se révolter contre Serguei, sa violence et ses manoeuvres douteuses.
C’est dans ce contexte que les spectateurs sont invités à se transformer en joueurs et à participer aux divers jeux de hasard du casino. Ils vivront une situation comparable à celle des personnages puisqu’ils seront divisés en trois classes sociales, les riches, les classes moyennes et les pauvres. Ils subiront aussi les contrecoups du capitalisme sauvage qui règne dans cette société purement fictive.
Équipe de création
Texte : André Rousseau
Mise en scène : André Rousseau à la création en 1993 et Everett Dixon lors de la reprise en 1998
Distribution lors de la création présentée à l’Espace René-Provost du 3 au 27 novembre 1993 (12 représentations) :
Le directeur du Casino Serguei Vassilievitch Buykoff : Martin d’Amours
Le chef cuisinier Zourab Abeladze : Jean-Philippe Tabet
Serveuse/comédienne Nina Ivanovna Zagornaia : Diane Bouchard
La fille du Général Anastasia Victorovna Krylova : Hélène Gagnon
Croupière au jeu de Black Tsar Anna Pavlovna Kozlovskia : Pierrette Boisvert
Croupier au jeu de Destroika Pavel(Pacha) Dorovitch Tenov : Francis Leblanc
Croupier au jeu de roulette russe Constantin Naoumovitch Tchernomor : Daniel Arnaud
Croupière au jeu de Caval Kossak Maroussia Gouméniouk : Karoline Yelle
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Distribution lors de la reprise en France à Auch, Centre Cuzin et Cahors Festival du Chaînon Manquant en 1998 (5 représentations) :
Le directeur du Casino Serguei Vassilievitch Buykoff : Carol Beaudry
Le chef cuisinier Zourab Abeladze : Jean-Philippe Tabet
Serveuse/comédienne Nina Ivanovna Zagornaia : Suzanne Lambert
La fille du Général Anastasia Victorovna Krylova : Hélène Gagnon
Le croupier du jeu de Black Tsar Anna Pavlovna Kozlovskia : Diane Bouchard
La croupière du jeu de Destroika Pavel(Pacha) Dorovitch Tenov : Francis Leblanc
Le croupier du jeu de roulette russe Constantin Naoumovitch Tchernomor : Claude Émond
La croupière du jeu de Caval Kossak Maroussia Gouméniouk : Shannon Reynolds
Revue de presse :
Journal Le Droit, 30 octobre 1993
KLASSINO : UN AUTRE JEU SPECTACLE
par Marc-André Joanisse
Las Vegas a son Caesar’s Palace, Atlantic City son Park Place, Montréal son Casino sur l’Île Notre-Dame et Hull aura maintenant son Klassino. Du moins du 3 au 27 novembre, à l’Espace René-Provost, où le la troupe qui ne fait pas les choses comme les autres, Dérives Urbaines, jettera les bases de son nouveau jeu spectacle. Un « work in progress » précise tout de go, l’auteur et metteur en scène André Rousseau.
Comme pour Marché Noir et Congrès, les deux premiers jeux-spectacles de Dérives Urbaines, les interprètes vont une fois de plus tirer profit de la participation du public. Casino oblige, le public pourra parier les 20 000 roubles qui lui sont remis à l’entrée, des faux roubles, il faut bien le préciser. Les spectateurs ne seront donc ni plus riches ni plus pauvres en participant à la pièce.
Klassino, ou le « Casino des Classes » va recréer non seulement l’atmosphère d’une salle de jeu, mais aussi présenter la trame des événements qui ont marqués récemment l’histoire russe. Selon l’auteur, « depuis quelque temps, la Russie est devenu le pays de tous les extrêmes. Il y a de plus en plus de gens qui souffrent de la faim, les théâtres sont menacés et on ferme des écoles. On peut lire en effet dans la presse que des écoles maternelles ont été fermées pour faire place à des banques. Au moment de faire la recherche de base pour la pièce, nous avons trouvé plein d’exemples de ce genre. Des choses excessives, dans une société en mutation brutale ».
Cette société, nous la découvrirons en direct en étant en relation avec certains personnages qui vivent des problèmes et qui doivent les résoudre. On fera, entre autre, la connaissance d’un caid de la mafia locale, une des deux structures qui, avec l’Église orthodoxe, fonctionne le mieux en Russie. Il sera aussi possible de découvrir une joueuse compulsive, un flambeur, sans oublier le chef cuisinier, la comédienne devenue serveuse et les quatre croupiers.
« Le public pourra intervenir en posant des questions à ces personnages. Voilà une facette du jeu-spectacle qui exige beaucoup de la part des comédiens et des comédiennes et qui demande une certaine expertise. Les interprètes doivent être conscients du texte malgré les interventions du public. »
Mais ce sont précisément ces interventions qui permettent au contenu du jeu-spectacle de se définir davantage. Après une première série de représentations, l’auteur retournera à sa table de travail pour faire les ajustements requis. Klassino, une pièce produite en collaboration avec le Théâtre de l’Île de Hull.
Journal du Sud-Ouest, Auch, 18 mars 1998
DÉRIVES URBAINES
Théâtre d’un nouveau genre
La compagnie Dérives Urbaines propose une nouvelle fois ce soir « KLASSINO », un spectacle interactif sur fond de décomposition de la société russe. Déroutant et séduisant.
Dès son entrée dans la salle, le spectateur est acteur. Il est plongé dans l’ambiance délétère de la fin du communisme et du passage ravageur à l’économie de marché, dans les années 1993-94. Le sort de chacun est régi par la loi du hasard, la règle du casino. Et vraiment, rien ne va plus.
Roulette Russe
Les élèves des établissements de Beaulieu-Lavacant et du Garros ont fait l’expérience de « Klassino », la pièce de théâtre interactif proposé par la compagnie québécoise « Dérives Urbaines », sur un texte d’André Rousseau et une mise en scène d’Everett Dixon. Cette création est née à Auch, où la troupe qui avait proposé le jeu-spectacle « Congrès » il y a deux ans, est en résidence depuis un mois, sur invitation des services culturels.
Serguei Buykoff est le parfait « nouveau riche », maître de cet immeuble transformé en casino de seconde zone. Petit mafieux sans scrupules, il exploite sans vergogne tous les habitants de l’immeuble, liés à lui par des relations plus ou moins conflictuelles. Des rapports passionnels exacerbés par un mystérieux incident qui aurait impliqué la veille le directeur du casino et une employée. Adoré par sa mère, haï par certains de ses “salariés”, Serguei fait et défait le destin de ses employés, tandis que le public, divisé en trois classes sociales (riche, moyenne et pauvre), suit la trame dramatique de ces rapports.
Les spectateurs jouent leurs roubles à la roulette russe ou aux dés, et les employés leur confient leur animosité pour le maître des lieux. Dans cette ambiance de fourmillière, où il est interdit de partager sous peine d’amende, c’est le “happening” constant. Une voisine de l’immeuble perd son appartement et se retrouve à la rue, une employée est assassinée. On achète sa médaille de “riche”, on peut dénoncer une infraction à la règle…c’est la sauvagerie des rapports humains dans un monde à la dérive. Le spectateur-acteur est constamment en situation de choix : respecter ou transgresser la règle totalitaire.
Visiblement, l’interaction plaît aux jeunes lycéens. Ils se prennent au jeu et font le silence à chaque intervention spontanée. La scène n’existe plus, les comédiens s’exclament dans la foule. Un théâtre qui déroute au premier instant puis séduit par son invitation à participer. Les comédiens font une véritable performance, clament leurs textes, restent fidèles à leurs personnages, sans perdre de leur appoint au milieu d’une foule incrédule.
Entre le théâtre classique et le théâtre de rue, jeu de rôle et roman noir, la troupe Dérives Urbaines propose un spectacle d’un genre nouveau qui en réjouira plus d’un.
Journal du Sud-Ouest, Auch, lundi le 16 mars 1998
Au Centre Cuzin
Le théâtre interactif
par Ingrid Mestre
Demain et mercredi, au Centre Cuzin, la troupe québécoise “Dérives Urbaines” jouera sa pièce “Klassino”. Un spectacle-jeu où le public participe.
D’abord, il faut aimer le jeu parce qu’on mise, nous spectateurs, avec du vrai faux argent sur les stands d’un casino moscovite et le voyage commence ainsi. Il suffit de se laisser dériver avec le chatoiement des paillettes d’une envoûtante Anastasia ou bercer par le chant nostalgique d’une Russie mythique.
“…Je n’imaginais pas que le théâtre, çà pouvait être aussi vivant, aussi palpable, c’est merveilleux et ce n’est encore qu’une répétition!” Tel est le commentaire d’une comédienne de l’Atelier théâtre du Centre Cuzin dont l’ensemble du groupe a pu assister à l’une des dernières répétitions du spectacle.
“Klassino” est apparu sous la plume d’André Rousseau et la mise en scène a été confiée à Everett Dixon, jeune comédien et metteur en scène de 31 ans, formé à l’Académie russe des arts théâtraux, appelée aussi GITIS, qui se charge admirablement de cette tâche. La rencontre des deux artistes s’est faite en terre québécoise sous l’égide de la pétulante directrice artistique et actrice, Hélène Gagnon. S’ensuit un long travail de maturation, de recherches personnelles, pour nourrir chaque personnage de critères humains, sociaux et politiques.
… Grande première donc, le mardi 17 mars au Centre Cuzin.
Journal du Sud-Ouest, Auch, 10 mars 1998
Théâtre avec Dérives Urbaines
LE TROISIÈME ÉLÉMENT
Un texte de Sylvain Daura
Le “Klassino” que présentera la compagnie théâtrale “Dérives Urbaines” n’est pas une pièce ordinaire. C’est une œuvre interactive où le public fait partie intégrante du spectacle.
Imaginez un casino clandestin aménagé dans une église désaffectée, “rue Bakounine”, à Moscou. Il est huit heures du soir, les premiers clients se pressent autour d’une roulette découpée dans un pneu de camion. Les serveuses virevoltent parmi les parieurs portant des verres de vodka. Les roubles passent de mains en mains. Les pauvres se contentent de rêver tandis que la “nomenklatura” rutilante (nous sommes encore sous le régime soviétique) dîne en bavardant…Imaginez et rêvez car cette ambiance digne des romans de Gogol, vous pourrez la vivre bientôt.
“Klassino”, la pièce de l’écrivain québécois André Rousseau jouée par le Théâtre Dérives Urbaines, est une oeuvre interactive où le public fait partie intégrante du spectacle. Il en est le troisième élément.
Plusieurs scénarios
Everett Dixon, le jeune metteur en scène de la compagnie explique, “Dans notre spectacle, nous jouons sur trois registres, le texte, l’improvisation et la participation du public. Ce dernier paramètre est par nature impondérable et imprévisible, la technique consiste à travailler avec des scénarios différents comme nous l’avions fait sur le spectacle précédent, “Congrès”, que nous avons joué à Auch il y a deux ans. Pour cette pièce, nous avions par exemple cinq fins différentes que nous choisissions en fonction des préférences exprimées par le public.”
…Hélène Gagnon, directrice artistique de la compagnie ajoute qu’intégrer le spectateur dans le spectacle n’est pas toujours facile. C’est pour cette raison que le nombre de places est volontairement limité à 120 par séance. … “Nous faisons en sorte que ce soit le spectateur qui vienne chercher l’acteur” explique Suzanne Lambert (une comédienne de la pièce) dont les beaux yeux convertiraient le plus pusillanime d’entre nous à l’improvisation théâtrale.
Galerie
Autres productions
Congrès
Présenté à plusieurs reprises entre 1989 et 1996 dans différents lieux de diffusion (CNA (Ottawa, ON), Maison du Citoyen (Gatineau, QC), Église anglicane St. Luke (Ottawa), Kingston (ON) et Colmar en Alsace (France)).
Voir la production CongrèsUn procès au British
2010, 2011, 2012 et 2015
Fête d’antan d’Aylmer